Comment célèbre-t-on Halloween dans les pays hispanophones ?
Chaque année, à la transition entre octobre et novembre, fleurissent dans les rues sorcières, citrouilles, et déguisements tous plus effrayants les uns que les autres. La fête d’Halloween est de plus en plus populaire, et ce dans le monde entier, y compris dans les pays hispanophones.
On croit souvent que l’origine d’Halloween se trouve aux États-Unis : mais en fait, pas du tout. Alors, à quand remonte la naissance d’Halloween ? Où est apparue cette fête ? Et surtout, comment la célèbre-t-on dans les pays hispanophones ? Je t’explique tout dans cet article !
Comment est née la célébration d’Halloween ?
Si on veut remonter à ses origines, il faut faire un bond en arrière de plus de 2000 ans. À l’époque, chez les Celtes, l’année se terminait les 31 octobre. Lors du passage à la nouvelle année, ils croyaient que les frontières entre monde des vivants et monde des morts s’effaçaient le temps de quelques heures, laissant l’opportunité aux morts de revenir sur terre cette nuit-là. C’est ce qu’ils appelaient la fête de Samain.
Lorsque les Romains ont conquis les terres celtes, ils se sont approprié cette fête. Même si l’année commençait désormais au premier janvier, le changement de calendrier n’a pas impacté la célébration. Bien plus tard, l’Église catholique a décidé d’en faire une festivité chrétienne : la Toussaint.
Très européen, tout ça finalement !
Et comment la fête d’Halloween s’est-elle étendue en Amérique du Nord ?
Ce n’est que durant la deuxième moitié du 19e siècle qu’une grosse famine a poussé des Irlandais et des Écossais à émigrer massivement vers les États-Unis. Ce sont eux qui ont exporté cette fête : ils ont commencé à se déguiser et à aller de maison en maison, pour demander de la nourriture ou de l’argent. Progressivement, ils ont répandu la coutume, en en modifiant même certains aspects. Par exemple, les traditionnels navets européens ont été remplacés par des citrouilles, plus locales, et, aujourd’hui, symbole par excellence de la fête d’Halloween.
Le nom de cette célébration, lui, provient de l’altération de All Hallows Eve qui signifie « le soir de tous les saints ».
Qu’en est-il de l’Amérique latine ? Y avait-il une tradition ?
Eh oui ! L’Amérique latine avait effectivement sa propre fête autour des mêmes dates. Les 1 et 2 novembre avait lieu la célébration du Jour des Morts (el Día de los Muertos). On relie souvent cette célébration au Mexique, mais en réalité, il s’agissait d’une célébration commune à toutes les cultures mésoaméricaines. Cette cérémonie provient en effet de plusieurs anciennes cultures indigènes, comme les Purepachas, les Aztèques ou les Mayas, qui concevaient la mort et de sa signification de la même manière.
Après l’arrivée des Espagnols sur le continent américain, cette célébration s’est métissée, et des éléments catholiques (comme la croix fleurie, par exemple) sont venus se greffer aux rituels plus anciens.
Et aujourd’hui, comment fête-t-on Halloween dans les pays hispanophones ?
Le monde hispanophone, c’est l’Espagne, bien sûr, mais aussi, et surtout, l’Amérique latine. Ce territoire est si vaste que chaque pays a ses particularités, et il est difficile d’en dresser un tableau exhaustif. Je te propose donc une petite sélection des fêtes les plus emblématiques.
Les lecteurs de cet article aiment aussi 12octobre: pourquoi la fête nationale est-elle sujet à controverse?
Halloween en Espagne entre citrouilles et châtaignes
La fête d’Halloween actuelle en Espagne est un phénomène très récent, venu directement des États-Unis. Cette façon de le célébrer a commencé à se répandre il y a une quinzaine d’années.
Si cette fête devient de plus en plus populaire, peu d’enfants passent néanmoins de maison en maison pour demander des bonbons. En revanche, les gens se déguisent et sortent dans les rues, costumés en sorcières, vampires, diables ou autres personnages horribles et légendaires.
Dans certaines régions de la péninsule ibérique, il existe également une tradition qui consiste à organiser des feux de joie dans lesquels on fait rôtir ou griller des châtaignes grillées
La célébration la plus connue : le jour des Morts au Mexique
Au Mexique, la fête traditionnelle à cette période, ce n’est pas Halloween. C’est le fameux « día de los muertos » (Jour des Morts) dont je parlais un peu plus haut. Cette fête est tellement connue et reconnue, que l’UNESCO l’a inscrite sur sa Liste du patrimoine culturel immatériel. Comment et quand se manifeste cette célébration ?
Les 1 et 2 novembre, les Mexicains vont nettoyer les tombes de leurs proches décédés. Ensuite, ils les décorent avec des bougies et des fleurs. Parallèlement à ça, ils dressent des autels dans les habitations, et y disposent entre autres des photos du défunt, des cierges, de l’encens, des décorations végétales. Ils y placent également des offrandes aux morts pour leur faire plaisir : par exemple, leur nourriture ou leur boisson préférée, de l’alcool, des jouets pour les enfants, des têtes de mort (calaveras) en sucre, des bonbons, le pain des morts, etc. Enfin, les Mexicains réalisent un chemin en pétales de fleurs, qui représente le chemin que les âmes doivent emprunter jusqu’à l’autel dressé en leur honneur.
Même si elle est liée à la mort et à la perte d’êtres chers, cette fête n’en reste pas moins un moment joyeux et très populaire au Mexique : on chante, on danse, on mange, on boit… On se déguise, aussi, avec des maquillages et des costumes folkloriques. Parmi les costumes emblématiques, celui de La Catrina (squelette d’une vieille dame orné d’un chapeau fleuri). Bref, on célèbre !
Pour autant, la célébration d’Halloween nord-américaine s’introduit de plus en plus dans le rituel de célébration des Mexicains : on a tendance, ces dernières années, à y fêter Halloween à l’américaine le 31 octobre. Puis, les 1 et 2 novembre, on revient à la tradition et au « día de los muertos ».
Au Pérou, c’est le « Día de la Canción Criolla »
Au Pérou, Halloween coïncide avec le « Día de la Canción Criolla » (le « jour de la chanson créole ».). La chanson créole est la musique nationale du Pérou. Fusion de la musique indigène péruvienne, africaine et espagnole, ce type de mélodie est si important dans la culture péruvienne qu’un jour de fête lui est consacré, précisément le 31 octobre. Dans les bars, les restaurants, les familles, ce jour-là, on se réunit pour chanter et danser autour du son local.
Au fil des ans, cette réjouissance s’est métissée avec l’Halloween venu des États-Unis, qui se déroule le même jour. Désormais, on célèbre les deux en même temps, dans un savant mélange musique, costumes, personnages horribles et gourmandises…
Deux célébrations aussi en Équateur
Comme le Pérou, un autre des pays hispanophones qui fête Halloween de deux manières est l’Équateur. Ce pays rencontre aussi un « conflit d’intérêts » entre deux célébrations au même moment. D’un côté, le « Día del escudo Nacional » (« le jour du blason national »), est célébré le 31 octobre depuis 1900, date à laquelle le parlement a adopté officiellement ces armoiries. C’est donc un jour consacré au patriotisme. Pour autant, cela n’a pas empêché Halloween de se greffer à la fête, avec ses citrouilles et aux costumes terrifiants.
Encore un joli métissage. Et comme le Jorge Trujillo, dans cet article, « estar disfrazado no quita el espíritu patriótico y cívico para poder entender la importancia de un símbolo patrio » (« être déguisé n’empêche pas l’esprit patriotique et civique de comprendre l’importance d’un symbole national. »)
En Colombie : couronnes et feuillages pour rendre hommage aux morts
Le 1er novembre, tout le monde se rend au cimetière pour rendre visite aux défunts, avec couronnes de fleurs et des feuilles de palmes. Avec ces décorations végétales, les Colombiens décorent les tombes et rendent ainsi hommage à ceux qui les ont quittés.
Dans ce pays aussi, Halloween gagne du terrain avec ses déguisements et ses citrouilles. Là encore, les deux fêtes s’entremêlent.
Frissons garantis aussi au Guatemala
Au Guatemala, on raconte que les âmes quittent les cimetières cette nuit-là, et se rendent dans les endroits qui leur étaient chers de leur vivant. Comme au Mexique, les Guatémaltèques dressent des autels et préparent des offrandes chez eux. Beaucoup disent que durant cette fête, ils ont même des visions et ressentent des choses étranges. La magie d’Halloween, sans doute 😉
Nuit au cimetière au Nicaragua
Au Nicaragua, les gens prennent la question de l’hommage aux défunts très au sérieux. C’est au cimetière que les proches des morts se réunissent. Ils y passent la journée, et beaucoup y restent là pour y dormir… Frisson garanti, même sans déguisement !
L’Uruguay, un contre-exemple.
Tu l’auras compris, Halloween dans les pays hispanophones, c’est souvent un mélange de tradition et de modernité. Si on se rend compte que presque tous les pays hispanophones intègrent, dans une mesure ou une autre, la fête d’Halloween à leurs propres célébrations traditionnelles, il y a quand même quelques contre-exemples.
On peut ainsi citer l’Uruguay comme exemple de pays qui n’a pas adopté Halloween comme fête dans sa société. Les gens connaissent cette fête, et l’idée circule dans l’esprit de certains d’adopter la tradition des citrouilles et déguisements. Les gens connaissent Halloween, mais la plupart ne le célèbrent pas… À ce jour, ceux qui s’intéressent à cette fête ne sont pas suffisamment nombreux pour qu’elle se répande dans le pays comme un événement immanquable.
Et toi, tu fêtes Halloween ?
Que penses-tu de cette fête ? Tu fais partie de ceux qui n’y voient qu’un symbole marketing ou une invasion nord-américaine ? Ou tu penses au contraire que toute occasion de faire la fête est bonne à prendre ? Viens nous donner ton avis en commentaires. Si tu cannais d’autres traditions de ces dates-là dans les pays hispanophones, viens les partager avec nus en commentaires !⤵. Tu peux également retrouver d’autres contenus sur la page Facebook du Blog, ou sur Instagram.
Si cet article t’a plu et que tu penses qu’il peut être utile à quelqu’un d’autre, n’hésite pas à le liker 👍 , et à le partager sans modération ! 🙏 😘
Et on se retrouve très prochainement à la découverte d’autres curiosités du monde hispanophone.